Les progrès technologiques changent notre façon de vivre, de travailler et de consommer. Dans ce monde en constante évolution, perturbé et aux ressources limitées, ces innovations se produisent-elles à un rythme suffisamment rapide et sous la forme appropriée pour aider à la transition de notre industrie face au changement climatique et à la décarbonisation ? Faut-il choisir la technologie ou la sobriété ? Comment la technologie peut-elle être utilisée pour avoir un effet positif sur la société, la ville, l’immobilier et les personnes travaillant dans le secteur ? Comment peut-elle être une source de motivation ?
Immobilier et Climat ?
À la lumière de la récente COP 27, des rapports du GIEC et d’un plan national pour la sobriété énergétique, il est important de s’interroger sur les actions potentielles que peut entreprendre le secteur du bâtiment pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre et sur l’efficacité de ces actions. Le secteur du bâtiment est responsable de 40% des émissions de dioxyde de carbone et de 20% des autres gaz émis par les déplacements liés à l’aménagement des terrains et à la conception des territoires.
Arnaud Bekaert, directeur général de Promotion Ile de France, Filiales, UrbanEra et Immobilier d’entreprise – Bouygues Immobilier, précise que la frugalité est une démarche qui consiste à utiliser les ressources de manière réfléchie et modérée, et non à diminuer sa consommation dans le seul but de faire des économies.
D’un autre côté, lorsque nous regardons l’histoire et la technologie au niveau global, celle-ci représente seulement 1% de l’impact carbone. Mais ce 1% a créé des transformations majeures dans d’autres secteurs. Elle permet aujourd’hui de faire beaucoup plus vite, de faire moins mais mieux.
L’obsolescence rapide des produits de haute technologie et les impacts environnementaux qui en découlent nécessitent un changement de mentalité. Bien que l’on prévoie que 85 % des bâtiments subsisteront en 2050, des changements d’usage, entre autres solutions, sont actuellement mis en œuvre dans les villes et les zones rurales pour atteindre les objectifs fixés pour 2030.
Quel que soit l’argument, cette bataille doit être menée et gagnée collectivement. Il est essentiel de comprendre que la situation a évolué ; nous nous dirigeons vers une ère inconnue, vers un ajustement qui n’a jamais été fait auparavant, et vers un système qui reste à créer. Il est donc impératif d’unir nos forces et de rester ouvert d’esprit afin d’aborder ce problème. – Philippe Le Fort, Directeur T&I – Responsable d’Ambio Patrizia SE.
La technologie, source d’inspiration ?
La période Covid a accéléré le passage à des pratiques modernes telles que le télétravail et la “ville au quart d’heure”, et ces changements se font sentir sur le marché de l’immobilier. Les modes de vie et les styles de travail des gens ont évolué, mais le secteur a été lent à utiliser la technologie.Cependant, au cours des deux dernières décennies, l’accès à la technologie a été facilité par la prolifération des smartphones (que possèdent désormais 60 % de la population) et le cloud computing est devenu plus abordable. Cela a conduit à une révolution technologique, avec un effet d’entraînement sur de multiples industries.
Philippe Vimard, COO/CTO de Doctolib, note que ce qui n’était auparavant accessible qu’aux militaires en termes de capacité de calcul et de traitement est désormais accessible à tous depuis une dizaine d’années.
L’ère numérique a imposé de grandes exigences à l’industrie hôtelière, obligeant les hôtels et les hôteliers à améliorer radicalement la qualité de leur service. Selon Alexandra Goguet, Senior Director Development France & Benelux Marriott International, cela a été particulièrement évident avec l’émergence du Web 2.0 il y a quinze ans, car il a donné aux hôteliers et aux clients un accès direct les uns aux autres, permettant aux clients d’avoir un impact immédiat sur le produit qu’ils consomment.
Néanmoins, le secteur doit continuer à innover, car les utilisateurs exigent davantage de services, de solutions et d’idées pour leur faciliter la vie et leur permettre de mieux habiter et utiliser leur ville.
Aujourd’hui, il existe des outils déjà établis qui peuvent être rapidement mis en œuvre dans les organisations pour produire des résultats tangibles. Ces technologies peuvent être utilisées pour capturer des données, construire une base solide, construire les produits du futur, mais aussi optimiser les procédures internes.Philippe Vimard remarque : “Il est inévitable que la technologie ait un impact sur le secteur de l’immobilier, tout comme elle l’a fait dans d’autres industries.”
Robin Rivaton, PDG de Stonal, souligne : “Il peut être facile de supposer que les actifs physiques sont à l’abri de l’influence de la technologie. Mais pour assurer une transition réussie vers un monde meilleur, et pour attirer les talents de demain, il est essentiel de mettre à jour notre technologie.”
Le comité directeur de l’ULI France a discuté du sujet de cette conférence avec beaucoup d’intérêt et de débats. Après avoir reconnu que le secteur de l’immobilier tarde à s’adapter aux avancées technologiques qui peuvent offrir d’innombrables opportunités pour l’avenir, Sébastien Chemouny, président d’ULI France et responsable de France Allianz Real Estate, a commenté : “Nous devons agir et être proactifs dans l’utilisation de la technologie et la collecte de données pour une utilisation future.”