D’abord sceptiques, les entrepreneurs du secteur ont désormais adopté le concept de récupération des matériaux. À l’horizon 2023, ils se préparent à intensifier leurs efforts.
L’utilisation de matériaux provenant de structures démolies pour en construire de nouvelles n’a rien de particulièrement innovant. Ceux qui apprécient les bâtiments historiques connaissent bien cette approche pratique, qui était déjà utilisée à l’époque des châteaux forts. Il convient toutefois de noter que les matériaux modernes (parpaings, treillis soudés et bois de coffrage) ne sont pas aussi faciles à réutiliser que les matériaux traditionnels (pierres de taille et poutres en chêne) du passé.
Le secteur de la construction reconnaît les avantages du recyclage, et pour cause. Ce secteur génère environ 46 millions de tonnes de déchets par an, soit sept millions de tonnes de plus que les déchets ménagers. Hervé de Maistre, président de Valobat, un éco-organisme axé sur le recyclage, reconnaît que l’attitude à l’égard du recyclage a considérablement évolué. Il y a une dizaine d’années, le recyclage était jugé compliqué et peu rentable. Aujourd’hui, la gestion des déchets est devenue une stratégie essentielle pour l’industrie. La plupart des chantiers de construction ont mis en place des pratiques de recyclage et l’industrie a pris une direction positive vers la durabilité. Les trois quarts des matériaux de construction sont déjà recyclés, les métaux étant les plus fréquemment récupérés en raison de leur valeur élevée. Les déchets de bois sont également réutilisés pour la production de panneaux de particules, tandis que les déchets non recyclables sont utilisés pour la récupération d’énergie.
En ce qui concerne le béton, il est souvent concassé et réutilisé par les agences gouvernementales pour construire des remblais routiers. Malheureusement, environ 25 % de ce matériau n’est pas recyclé et finit dans les décharges, ce qui représente 10 millions de tonnes. Hervé de Maistre s’inquiète de cette quantité importante de déchets et insiste sur la nécessité de redoubler d’efforts pour atteindre un taux de recyclage de 100 %.
De nouveaux matériaux
Le gouvernement a mis en œuvre la loi Agec, qui applique une filière de responsabilité élargie du producteur (REP), en tant que mesure visant à promouvoir l’économie circulaire et à réduire les déchets. Cette loi prévoit que le fabricant ou le premier vendeur d’un matériau de construction supporte le coût de sa valorisation et de son recyclage, selon le principe du “pollueur-payeur”. Pour ce faire, ils doivent payer une éco-contribution à l’un des quatre organismes agréés de récupération et de recyclage, comme Valobat, depuis le mois de mai. Ces organismes sont désormais chargés de mieux organiser la filière. Pour couvrir l’éco-contribution, le fabricant ajoutera le montant à la vente du matériau, qui sera partiellement intégré au montant des travaux facturés au client final par les entreprises de construction. Si le montant est aujourd’hui faible, Franck Perraud, vice-président de la Fédération française du bâtiment (FFB), prévoit qu’il augmentera significativement à partir de 2024.
La tâche qui attend les éco-organismes axés sur la récupération et le recyclage est assez difficile. Ils devront garantir une disponibilité suffisante des points de collecte sur l’ensemble du territoire national, en veillant à ce qu’ils se trouvent dans un rayon de 10 kilomètres dans les zones urbaines et de 20 kilomètres dans les zones rurales, afin que les entreprises de construction puissent y accéder. Ces éco-organismes seront également chargés de récupérer les déchets des décharges illégales. Enfin, ils devront veiller à ce que les conditions d’acceptation des déchets soient uniformes sur l’ensemble du territoire, ce qui n’est pas le cas actuellement, comme le souligne Franck Perraud. Les entreprises de construction appréhendent de devoir trier plus précisément leurs déchets, sous peine de se voir refuser l’accès aux centres de recyclage. Néanmoins, malgré les incertitudes, tout le monde s’accorde à dire que ces mesures sont louables.
En conclusion, certains groupes écologiques ont déclaré leur intention d’intensifier leurs études et leurs progrès dans le processus de recyclage des matériaux en plusieurs parties, qui sont plus complexes à recycler que d’autres, tout en incitant les fabricants à utiliser des matériaux en une seule partie dans la mesure du possible. Le temps de l’utilisation de la pierre de taille et des poutres en chêne est révolu, et cette époque marque la fin de la désuétude architecturale. Selon les lignes directrices, la réutilisation d’un matériau sous sa forme actuelle ne représente que moins de 1 % de sa restauration.